La vie est un songe
L'harmonie d'un sanglot soulevait la rivière
Et la nuit attendait de camper prestement.
Les corolles des lys déjà fermaient paupières.
Les cigales épuisées turent en fin leurs chants.
Les étoiles libéraient quelques songes impatients.
Dans l'ombre, les bastides s'habillaient de bleu-noir.
L'air frais, le nez au vent se baladait content
Et ma main dans ta main, j'attendais notre enfant.
Mais le temps m'a surprise et en me retournant
Pour arranger la mèche qui tombait sur mon front,
Dans le miroir des jours mon beau visage rond
N'avait plus la fraîcheur de mes vingt-cinq printemps.
Le landau tout rouillé dans un coin du garage,
Depuis longtemps déjà ne savait plus son âge.
L'enfant qu'hier encore je serrais sur mon sein,
Femme à part entière composait ses demains.
Rien n'appartient à rien en ce monde imparfait.
L'enfant devient adulte, parfois l'adulte enfant.
Ainsi tournent les heures et les jours et les ans,
L'on se croit éternel, on est mortel pourtant.
L'harmonie d'un sanglot soulevait la rivière
Et la nuit attendait de camper prestement.
Les corolles des lys déjà fermaient paupières.
Les cigales épuisées turent enfin leurs chants.
Anne-Marie Vivien Bagnis texte protégé