POEMES DE MARIDO TOUTES FORMES

Tourments

J’ai cru te perdre là, suivant l’inquiétude.

Se devinaient le doute et la poignante horreur.

Tes mots au téléphone ont transpercé mon cœur ;

Et j’aurai dû savoir, sentir par habitude.

Ce temps où je me perds comme dans un trou noir

J'hésite en ce destin, passer au laminoir.

Nul ne redoute plus, ravivant une essence.

Dans ce monde incertain, il court un sentiment.

Dont je suis impuissante où tombe un châtiment

Je noterai ce jour par cette effervescence.

Partageant tout l’émoi deviendrais tu cette ombre ?

Je sens ton désarroi, mon visage s’éteint.

Et dans notre tourment un voile de satin

Recouvre le chemin devenu, ce soir, sombre.

Maria-Dolores

L’ampleur printanière...

Il est une espérance aux couleurs du printemps

Or, l’essence florale enveloppe notre âme

Doucereuse innovant cette invisible flamme

Lorsque l’amour fleurit aux voilures du temps.

Dessine-moi l’ami tout l’éclat en journée

Le soleil rayonnant sous le ciel émouvant

J’imagine parfois le chagrin décrivant

La froidure hivernale où je suis casernée.

Laisse donc au tréfonds l’invisible chimère

De ces amours passés où renaît une fleur

En brisant dans l’ivresse une douceur amère

Le silence résonne au matin persifleur

J’aimerais retrouver cette odeur éphémère

Où nos corps éprouvés en mesurent l’ampleur.

Maria -Dolores

Matin d’été

Chacun va de sa vie oubliant trop souvent,

Qu’une douce voisine a besoin d’un peu d’aide

Connaissons-nous toujours ce troublant intermède

Qui fait de nous parfois d’avéré mort-vivant ?

Je joins à mon propos l’infini ridicule

Car on n’ose jamais finir dans un tombeau

Ne pas observer l’autre est ce regard corbeau

Qui court tel un cul jatte ayant ce préambule.

Je sais que rien ne va dans ce monde perdu

Pourtant nous poursuivons un chemin corrompu

De même, il est un songe où le désir enivre.

Nous aimons chaque jour en toute liberté

Mais il nous faut choyer cette douceur de vivre

Car passe et puis trépasse un beau matin d’été.

Maria-Dolores

Mon père

J’ai tant de souvenirs quand je pense à mon père

Demain c’est jour de fête et tu ne pourras pas

Du fond de ton cercueil je ne verrai plus guère

Une mémoire ancrée au ru de mes faux pas

Tu savais me conter pourtant ta belle histoire

Et toujours te vanter de ton plus cher secret

Rien ne saurait jeter au grès de ce grimoire

Ta belle vérité qui sert ton grand regret.

J’ai cent fois hésité de choisir les échos

Et de me lamenter au fur et à mesure

Je garde au fond de moi le silence des mots.

Aurais-tu dans mon cœur semé la grande ruse ?

Je n’ai jamais senti la plainte d’une usure

Que tu devais laisser aux flux de quiproquos.

Maria-Dolores

Bonheur

J’aurais voulu te dire, ô toi, mon tout petit,

Depuis que je t’ai vu choyé d’une caresse

L’attente a fui cette ombre au fil d’une tendresse,

Je ne peux oublier ce regard abouti.

Savais-tu seulement l’amour qui baigne en moi ?

Peux-tu du moins penser ce que serait ta vie ?

Après toi le déluge on n’aura qu’une envie

De cueillir chaque rose afin que tout soit loi.

Dans le vide stellaire où ton âme repose

Il restera toujours une étoile en osmose

Qui viendra scintiller d’une vive couleur.

C’est avec ton sourire au rythme d’une lyre

Que renaît chaque jour un esprit qui m’inspire

Je ne peux que rêver ces moments de bonheur.

Maria-Dolores